dimanche 24 novembre 2013

Le Perchoir ou le mythe du place-to-be

Plus je vis à Paname et plus j'ai l'impression que deux mythes fondateurs sous-tendent la vie sociale du parisien. Le mythe du place-to-be d'abord. Certes ça change tous les mois, mais c'est les mêmes adresses qu'on trouve dans les newsletters de MyLittleParis ou de MerciAlfred, dans les pages du Fooding, dans les conversations de soirée : "T'es déjà allé au Braisenville? Quoi? Non c'est, un resto! Hein? Attends, ça n'a rien à voir avec le ski...Bon, laisse tomber, ouais, j'veux bien une vodka pomme", et le lundi à la machine à café : "Dimanche on a brunché chez Casimir. Quoi, tu connais pas? Mais attends, c'est carrément LE meilleur brunch de Paris.". Un peu comme si la vie parisienne était une course sans fin pour trouver, essayer puis conseiller ces adresses jusqu'à ce que les lieux soient déclarés surfaits, voire taxés de "c'était mieux avant", que de nouvelles adresses soient décrétées place-to-be et que le cirque recommence. Epuisant. Et puis il y a le mythe du troisième soir, ce mythe qui consiste à croire que statistiquement le troisième rencard se solde par une joyeuse partie de jambes en l'air. Ce mythe qui pousse le parisien à payer l'addition trois fois de suite, et la parisienne à se précipiter chez l'esthéticienne la veille de chaque 3ème date, tous comptant sur un prompt retour sur investissement. Sauf qu'en la matière, l'imprévu est de mise. Parfois, quand vous nous avez parlé de votre mère et de votre ex pendant deux heures, on n'est pas trop dans l'ambiance, parfois vous nous proposez chez vous et on n'a pas franchement envie de croiser votre colloc en partant le lendemain, parfois vous avez trop picolé et c'est dingue c'est la première fois que ça vous arrive, parfois on a envie dès le premier rencard mais on voudrait pas que vous tiriez des conclusions hâtives sur nos moeurs un peu libres. Mais heureusement pour les restaurateurs, cette fâcheuse réalité n'empêche pas parisiens et parisiennes de chercher sans relâche de nouvelles place-to-be pour emmener leurs conquêtes. Car si il y a bien une chose qui peut à coup sûr vous laisser sur le carreau c'est la gaffe du serveur indélicat, qui devant votre rencard du jour, vous demande des nouvelles du précédent. D'où la nécessité d'avoir tout un stock de bonnes adresses ou du moins une bonne copine qui en a tout plein. Me remerciez pas...

Le Perchoir, au top du place-to-be

On mange quoi ?

Menu unique pour tout le monde, avec de beaux produits de saison. Moi j'aime beaucoup ne pas décider et avoir de belles surprises. Ce soir-là, la surprise venait de l'entrée : des encornets farcis aux blettes particulièrement bien cuits, un bouillon japonisant avec du daikon croquant très bien vu, et du thon snacké avec une mayonnaise épicée, très sympa! Le plat, un peu moyen, si le magret de canard et la sauce étaient réussis, j'ai été beaucoup moins fan des légumes vapeur (cocos de paimpol, chou romanesco...) qui n'apportait pas grand chose au shmilblick. Mention coeur qui vole pour le dessert, un énoooorme Paris-Brest à partager à deux, super régressif, et une verrine de fruits rouges pour faire passer le tout, bien vu! 

La photo est moche, mais en vrai ça faisait super envie
Moi j'aime bien les légumes, mais comme ça juste vapeur, c'est triste, alors que le magret, lui, il te met la banane direct
Ca c'est du dessert! Ras le bol des verrines d'anorexique!

C'est quoi l'ambiance ?

Place-to-be à mort! La terrasse du Perchoir, a été LE spot de l'été. Et il faut reconnaître que le super roof top avec vue sur Paris, la déco très sympa et les cocktails au top méritaient l'enthousiasme général. Et puis, victime du succès du lieu, les gérants ont du restreindre les entrées, mettre un videur qui fait la gueule et une hôtesse en bas pour filtrer et ça n'a pas été du goût de tout le monde. Moi ça me fait marrer les endroits blindés de hipster, si l'endroit est chouette, je trouve que ça vaut le coup. Et là, l'endroit est très chouette. Et je suis assez fan de cet esprit à la bonne franquette, où on vous sert de beaux plats à partager. Le truc dommage, c'est le staff sympa mais débordé à qui on ose à peine demander des nouvelles de son plat après 30 minutes d'attente.



J'y laisse un oeil / un bras / la peau des fesses ?

C'est là qu'est le hic. Déjà le dîner est facturé entre 42 et 48€, selon les produits qui composent le menu. Que ça varie à la limite on s'en fout, mais entre 42-48€ pour entrée/plat/dessert sympa mais pas non plus à se rouler par terre, c'est clairement pas le meilleur rapport qualité-prix de Paris. 

L'un dans l'autre....

Une bonne adresse pour impressionner sa conquête, si toutefois on est prévenu qu'on va y laisser des plumes. En bonus : la possibilité de finir la soirée au bar en sirotant quelques cocktails avec vue imprenable sur le Sacré-Coeur. Si avec ça vous n'arrivez pas à conclure...

Le Perchoir, 14 rue Crespin du Gast, Paris 11.

1 commentaire:

AuroreInParis a dit…

Trop cher, je n'irais pas y manger, mais j'ai loupé ce place to be cet été, apparemment c'était pas évident d'y rentrer, j'irai l'année prochaine !